A mille lieux sous les maires
jeudi 09/06/2005
Un collectif de maires, joliment intitulé « maires pour l’enfance » (mis à part la tentation de la blague scabreuse, on se demande bien ce que signifie être « pour l’enfance ») vient de publier un appel carrément vomitif. Cet appel, à la formulation explicite (« je désapprouve tout projet d'instauration d'un « mariage » entre personnes de même sexe ») aurait été signé par plus de 11 000 maires en France. Les « maires pour l’enfance » entendaient rappeler par ce texte leur attachement à une vision on ne peut plus straight du mariage : « le mariage est bien pour nous l'engagement d'un homme et d'une femme à fonder un foyer [et] nous ne désirons pas voir modifié ce qui participe fondamentalement à la construction sociale de notre pays ». Ca a le mérite d’être clair : le mariage c’est fait pour avoir une famille et reproduire les schémas sociaux. Enlevez nous ça et tout fout le camp. En s’érigeant défenseurs de l’institution maritale, ces gros réacs indiquent à quel point elle est faible puisque exclusivement idéologique et artificielle. Leur porte-parole, l’UDF Franck Meyer (dont on apprend qu’il est maire de Sotteville-sous-le-Val finalement la nature fait parfois bien les choses) croit ainsi savoir que « la masculinité et la féminité sont des repères fondamentaux pour le développement psychologique d'un enfant ». Puisque pour lui mariage = enfants (sinon autant aller aux putes, hein), en accordant aux homos le mariage, la société leur permettrait d’éduquer des milliers d’enfants dans le vice. Aux relents familialistes de la droite nauséabonde s’ajoute ainsi l’homophobie : quand bien même ils seraient en mesure d’élever des enfants, les homos détruiraient les identités genrées (si seulement c’étai vrai…) et plongeraient leur progéniture dans une existence d’invertis. Puisque derrière tout cela, il y a bien sûr l’ignoble présupposé (ou fantasme) qu’accorder la parentalité aux homos ce serait au mieux créer des viviers de petits pédés et gouines en puissance et au pire leur fournir de la chair fraîche. Le maire de Remilly-sur-Lozon, Philippe Gosselin (UMP), tout en rejettant l’accusation d’homophobie, affirme ainsi : « chacun fait ce qu'il veut de ses fesses, entre adultes consentants ; il n'est pas question de dire que l'homosexualité est une tare ou une déviance, ce serait ridicule. » On entend pourtant ce brave homme saliver en disant « fesses », prenant un plaisir honteux à songer à la sodomie. « Pour autant, reprend-il, ce n'est pas parce que quelqu'un veut faire quelque chose comme tout le monde - se marier, avoir un enfant - que la société doit forcément l'autoriser. Ce ne sont quand même pas les maires qui ont inventé la différence sexuelle. » Non, mais ils se chargent avec diligence de la maintenir.