Principe de réalité
mardi 05/04/2005
Il y a dans la presse – et au journal le Monde en particulier – une bien étrange aménité à l'encontre du mouvement lycéen. Que reproche-t-on donc aux lycéens en grève ? De ne pas se plier au principe de réalité. Alors qu'on leur répète depuis des semaines que leur mouvement est un échec, ils continuent d'être mobilisés. Alors qu'on leur promet que Fillon a reculé en retirant la mention au contrôle continu dans son projet de loi, ils ne veulent rien céder. Alors que leurs proviseurs les admonestent sur les occupations de nuit, ils occupent désormais le jour aussi. On leur dit qu'ils sont quelques centaines, ils continuent à se voir quelques milliers.
D'où un légitime énervement des médias devant ces boutonneux qui résistent au réel... et qui résistent tant qu'ils finissent par faire mentir les médias et parviennent à exister malgré eux. Ne nous y trompons pas, le mouvement lycéen est fragile, désorganisé, brouillon et pas super bien barré. Ses mots d'ordre sont parfois fumeux et ses actions pas toujours appropriées. Pourtant, il a une espérance de vie, une force et une radicalité que personne n'attendait et il est plus contestataire que tous les mouvements sociaux réunis depuis bien des années. J'avais beau m'être promis de ne plus parler des jeunes (mais c'était ça ou le pape), il me donne envie d'être de nouveau lycéen. Pas longtemps, non, juste le temps de croire encore comme ça.