Contre le printemps des poètes 1.

Le printemps des poètes est bien morne
Surtout chez les croulants de la Sorbonne
Qui se distribue entre eux les bons points
Et déblatère sans avoir l’air de rien.
Certes, ils ont beau être agrégé de lettre,
Leurs barbouillages ne sont que du paraître
Et à ce jeu, ce sont les muses qui y perdent
Puis s’en vont lasses d’entendre de la merde.
Faisons donc comme elle, partons à l’instant
Fuyons ces écrivaillons en souhaitant vivement
Le retour parmi nous d’un nouveau tonton George
Pour leur faire définitivement rendre gorge.

Contre le printemps des poètes 2 (où non je ne suis pas aigri d’avoir perdu)

Les voilà donc nos concurrents
On a affiché leur prose
Jetons y un oeil en passant
Pour voir si elle vaut quelque chose.
À force de dire “je” à chaque ligne
Ils en oublient certainement
Que toute rimaille qui se veut digne
Se conçoit bien autrement.
Car c’est en contant des histoires,
En faisant que l’auditeur
Voyage mille lieu en un soir
Que le vers prend toute sa saveur.
Les gens n’ont vraiment que faire
De la syntaxe linguistique
Et des connaissances en grammaire
Des nouveaux poètes pathétiques.
Ah, ils sont beau ces grattes papiers
Futur prof de lettres séniles
Pour qui le monde s’est arrêté
À l’intérieur de leur nombril.
D’ailleurs, s’il continue comme ça
Un de ces jours, c’est plus que clair
L’un de nous les retrouvera
Le nez enfoui dans leur sphincter.

GN

Paris, le vendredi 12 mars 2004