La mort de Roland
mardi 19/04/2005
Roland de Beaumary vivait en homme tranquille
Cadre endurci, célibataire supérieur
On ne lui connaissait qu’un seul vice en ville :
D’être féru de timbres et ardent collectionneur.
Il vivait dans une banlieue bourgeoise sans histoire
Dans un immeuble gris dont la seule animation
Était une famille nombreuse de chrétiens notoires
Qui allaient à la messe en chantant force chansons.
C’est alors que cette harmonie se brisa
Car un jour de novembre, un couple d’inconnus
Sans avertir personne soudain s’invita
Dans l’appartement situé juste au-dessus.
Les nouveaux installèrent très vite une autre routine
Car chaque jour Roland pouvait entendre grincer
Le matelas de ses voisins d’une complainte coquine
Par des râles de plaisir souvent entrecoupée.
Au bout d’une semaine, n’en pouvant plus tenir
Notre cinquantenaire décida d’aller se plaindre
De ces vilains drôles qui ne cessaient de gémir
Si fortement qu’on les entendait jusqu’en Indre.
Il monta donc et trouva derrière la porte
Une jeune fille seule vêtue d’un tailleur noir
Qui avec un soupir de la plus belle sorte
Écouta la diatribe du vieux sans faire d’histoire.
En guise de réponse, une fois celle-ci finie,
Mû sans doute par une charité toute chrétienne,
La belle d’un geste ample sa chemise ouvrit
Et découvrit au barbon ses monts et sa plaine.
Celui-ci, à ce genre de spectacle peu habitué
Tomba, c’est grande pitié, malencontreusement raide mort,
Laissant la donzelle à moitié déshabillée
Choquée du terrible effet de son jeune corps.
Vous qui trouvez cette histoire triste, il ne faut pas,
Car beaucoup aimeraient partir sur une telle vision,
Quant à l’innocente meurtrière et bien ma foi,
Elle peut maintenant faire grincer son lit à foison.
G.N