Toussaint
lundi 01/11/2004

Le week-end de la Toussaint est l'occasion d'une grande opération com chrétienne. Ma première mésaventure eut lieu la semaine dernière quand, en passant devant une église, un type à lunette, le futal remonté jusqu'aux aisselles, gigotant sur de la musique antillaise, me tendit une crêpe d'un air jovial. N'étant alors pas sur mes gardes, j'accepta poliment et englouti la crêpe. Le fourbe profita de ce que je ne pouvais plus parler pour entamer la conversation : “ Tu connais notre église ? ”
- Sclompf, schlompf, lui répondais-je.

S'ensuit alors une brève description de ses croyances finissant par un “ Passe nous voir un de ces quatre, le week-end prochain c'est Toussaint 2004, toute l'église sort dans la rue ! ” Par égard pour la crêpe ingurgitée, je lui répondis que je viendrai très certainement et je m'en alla prestement. Mais ces quelques renseignements ne pouvaient me préparer à ce qui allait ce passer ce week-end prochain. On a beau avoir bouffé de la crêpe bénite personne ne peut être préparé à voir surgir toute l'église dans la rue.

Le dimanche arriva. Je m'en allais acheter mon petit-déjeuner en début d'après-midi, quand en revenant je fus attiré par des accords de musique provenant d'une église voisine. En m'approchant, je découvris une horde de fidèles attroupés devant une scène montée sur le parvis de l'église. Et là, stupeur, effroi, et sueurs froides : un groupe de jeunes gens aux cheveux longs jouaient le répertoire des Sex Pistols devant des familles endimanchées qui semblaient apprécier la représentation. Le rock'n'roll est putain de dead me dis-je. Mais c'est en ouvrant ma boîte aux lettres qu'une émotion bien plus grande me submergea. Au milieu de la propagande pizzaïolesque nageait le journal Holywins 2004. Sur un double A3 offset noir et orange l'Eglise me parlait de la mort. Je vais essayer de vous résumer ce que j'ai compris de la publication en vous épargnant les détails concernant la maquette faite à la truelle. Edito : “  Ne me parlez pas de la mort ! ” 500 signes sur arrêtez de flipper, de toute façon la mort vous y passerez. Témoignage : “ Mon frère est mort, mais quelques part c'est mieux comme ça, au moins lui, il est heureux. ” ( l'enflure ! ). Enfin quelques citations se voulant légères, toujours sur le même thème, dont une en particulier, signée de l'Abbé Pierre, qui soulève quelques questions : “ Mon envie de mourir n'est pas du tout morbide ; c'est une soif de soleil et d'eau claire ; c'est la rencontre ; les grandes vacances ( sic ). ” J'ai expérimenté plusieurs fois des vacances chiantes comme la mort, mais là, je demande à voir les diapos. Je passe la double page intérieure pour arriver à la der où Jean-Marie Lustiger nous dit qu'il aime la vie. Et enfin pour finir une sorte de micro-trottoir avec pour question : “ Qu'aimeriez-vous que Dieu vous dise à votre arrivée au Paradis ? ” Réponses en vrac. Rosemarie 28 ans : “ Jésus a dit la vérité ” . Isaline 27 ans : “ Viens continuer ta vie ” . Mais aussi Jacques 68 ans : “ Entre ta femme t'attend ”. Ou encore Delphine 30 ans “ Allez ! On va boire un coup pour fêter ça ! ” Cyril 27 ans : “ Tu veux une bière ? ” On peut dire que certains vont être déçus.