édito

En première ligne

Il y a urgence. Inégalités sociales, ordre moral, tentation liberticide n’ont jamais été aussi forts. Il ne fait pas bon aujourd’hui d’être femme, jeune, ouvrier, homosexuel, immigré, pornocrate ou gauchiste. La droite au pouvoir a sonné la curée avec les cors fournis par la gauche sous Jospin. Militer, lutter, écrire est devenu indispensable. Trouble(s) naît sous le signe d’une double résistance. Résistance à ce qui nous opprime, d’une part. Ce faisant, nous construisons d’autres mondes, de nouvelles utopies, nous préparons la révolution. Et au c?ur de cette lutte se niche une deuxième résistance. D’inédites passerelles s’ébauchent, d’insolites théories s’élaborent, des modes d’actions inconnus se cherchent? et nous échappent encore. Quelque chose nous résiste dans notre propre combat, dans cette revue même. Nous sommes marqués dans nos corps et nos pratiques par de vieilles habitudes, et cette lutte que nous commençons ici se dérobe encore sous nos mots – ce qui n’est pas un signe d’impuissance, mais au contraire la preuve d’une puissance en cours de déploiement. Ce premier numéro de Trouble(s) a donc pour thème les rapports de forces. Nous tentons ici de dévoiler les systèmes d’oppression qui nous assaillent, mais aussi les jeux de pouvoirs qui sous-tendent notre prise de parole, et ce faisant d’éclaircir les conditions d’émergence de notre propre savoir.

Les outils que nous ont légués nos parents se sont émoussés quand ils ne se sont pas simplement révélés inopérants. À nous d’inventer de nouvelles méthodes et de nouvelles pratiques, des modes de lecture singuliers. Trouble(s) est découpé en trois chapitres : sexualités / politiques / cultures. D’une part parce qu’il n’y a pas de luttes secondaires, parce qu’une réflexion politique qui ferait l’économie des questions identitaires, sexuelles et culturelles, serait condamnée à n’être qu’un exercice de style. D’autre part parce qu’en distinguant ainsi les trois disciplines, nous espérons faire enfin tomber les frontières qui les séparent. Le corps théorique que prétend fonder cette nouvelle revue est encore instable, en perpétuelle opération de déconstruction et de reconstruction, avec sa part d’erreurs et de tattonnements. Nous souhaitons qu’il le reste, que notre discours se glisse dans cet espace qui s’étend de la détermination naturelle de nos savoirs déjà constitués, de nos destins déjà tracés, à l’indétermination de ce qui est en cours d’élaboration. Pour cela nous avons besoin de vous, pour qu’à l’écriture individuelle se substitue le palimpseste collectif, en perpétuel recommencement. Participez, envoyez nous vos papiers, assistez à nos conférences de rédaction.

Revue du commencement, Trouble(s) ne développe un nouveau langage que pour servir de nouvelles pratiques. La revue n’est un outil de réflexion que si elle est aussi et avant tout un outil de lutte. De Tolbiac au mouvement SM, de la Pologne au Venezuela, de l’entreprise au mariage, de l’image-pouvoir à la prostitution, des Etats-Unis à Draveil, ce premier numéro propose un état des lieux, non exhaustif, des luttes en cours et des forces en présence. Ici, de nouvelles pratiques se déploient dans un ordre qui leur est enfin propre – et qui peut-être n’existe pas encore. Nous avons une histoire, déjà riche de luttes, et de victoires, contre la censure, mais aujourd’hui débute quelque chose d’inédit et de fondateur. Trouble(s) est à jamais dans le commencement.

Le Satrape rôdeur

trouble(s)

Outil de réflexion et de lutte, Trouble(s) est une revue engagée qui vise à mettre à bas tous les systèmes de domination non librement consentis.

Trouble(s) n°3
Trouble(s) n°2
Trouble(s) n°1
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poing à la ligne

Une fois par an, Ravaillac organise le festival de libre expression jeune Poing à la ligne qui s'articule autour de plusieurs débats, d'une projection, d'un concert et d'un journal en direct quotidien pendant toute une semaine.

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sommaire / Trouble(s) n°1 / rapports de force

Sexualités

Épreuves de force

Une main de fer dans un gant de latex
En 1984, Jean Streff répondait déjà à l'un de ceux qu'il interviewait pour son enquête sur le sado-masochisme : « Pourquoi n'est peut-être pas le plus important. Dites-moi plutôt quand ? comment ? ». Ici aussi, il s'agit moins d'élaborer une théorie du SM que de se faire l'écho de ceux qui le pratiquent, et de voir à travers leurs témoignages en quoi les rapports de force que met en jeu le SM restent heureusement dérangeants.
Enquête réalisée par le Satrape rôdeur et la Cane Hardeuse. A télécharger.

Attaché au divan
Tout semble les partager, le milieu SM rejetant le discours psychanalytique, la psychanalyse stigmatisant ces déviants et ces pervers. Pourtant ces deux pratiques ont en commun plus qu'une simple aversion mutuelle.
Le fait que le discours clinique - et plus particulièrement la psychanalyse - s'inscrit dans un régime de savoir-pouvoir n'est plus à prouver. Le SM ainsi que le sadisme induisent également des rapports de domination. Mais c'est dans des motifs plus précis, tels que la présence d'une mise en scène ou la place du langage, qu'apparaîssent les véritables liens entre psychanalyse, sadisme et SM.
Par Mme Patate
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Donnant, donnant
« Tu refermes la porte de la chambre. Je suis debout devant le miroir de la cheminée, les mains le long des hanches. Je t'attendais ici, rue du Vieux-Saule, comme chaque fois, mais j'ai rougi quand tu m'as avertie au téléphone que, cet après-midi, ce serait différent. Mais tu es là. Je me cache contre ton épaule quand tu m'expliques en détail ce que tu attends de moi. Je sais que mon embarras te rendra téméraire. Je murmure : Ce n'était pas sérieux, quand même, cette histoire de fessée, si ? »
Nouvelle de Nathalie Dalla Corte.

La Dynamique structurale
Trouver un compagnon / compagne qui s'accorde avec votre dynamique. Les gens entrent dans des relations avec des attentes bien définies. Souvent ces attentes sont influencées par les attentes de la société ou viennent des comportements de nos parents, de nos frères et soeurs, des autres. La manière dont fonctionne une relation en réalité est déterminée par ces attentes. Ces attentes déterminent aussi si la relation sera soutenable et viable à la longue. Les gens ont tendance à s'attacher soit à la forme soit à l'essence de leur relation. Si l'on peut se représenter une progression linéaire, à un bout de l'échelle on trouve ce qu'on peut appeler le « Structuraliste » (Structuralist), à l'autre, le « Souple » (Preservationist).
Tribune de Peggy Evleth, figure du SM américain.

Une ascension à coups de fouets
En 1966, après avoir relu Platon, Pier Paolo Pasolini (PPP) écrit d'une traite six pièces de théâtre : Calderon, Affabulazione, Pylade, Porcherie, Orgie et Bête de style. Il ne mettra en scène qu'une seule de ces pièces, Orgie, à Turin en novembre 68. Très peu monté en France, le théâtre de Pasolini est aujourd'hui redécouvert par les jeunes metteurs en scène. Mêlant politique, sexe et religion, le théâtre pasolinien entretient un rapport très fort au SM. Si le Sadisme est fréquemment associé au cinéma de PPP, Salò oblige, la proximité de son théâtre avec les dispositifs SM est très peu étudiée. Pourtant...
Par le Satrape Rôdeur.


C'est combien, que je t'oppresse ?
Absents des discours sur la prostitution, ce silence étant nécessaire à la sauvegarde du système, les clients sont pourtant sa raison d'être, à tel point qu'on les appelle parfois les "prostituants". Liés aux prostituées par un rapport ambigu et complexe, ils sont pourtant loin d'en être les premières victimes, y trouvant souvent le moyen d'asseoir une domination.
Par la Cane Hardeuse.

L'époux dans la tête
On nous répète souvent que la famille est la clef de voûte de notre société. Elle tiendrait de l'ordre naturel et remédierait à tous les problèmes sociaux, de l'insécurité au trou de la couche d'ozone. Elle doit donc se tenir tel un roc inébranlable face aux perversités de ce monde quitte à lui sacrifier une partie de nos volontés. La liberté de se séparer de son conjoint est pourtant acceptée mais elle reste un combat, à mener avant tout, contre la normativité du mariage.
Par Beauté Nébreuse.

Comme un pot
"
La robe n'avait pas même été blanche, mais beige, et il était hors de question qu'elle proteste. Il était bien plus fortuné qu'elle, assez aimable de l'épouser malgré cette différence, et il prenait en charge la majorité des frais qu'entraînait la cérémonie. Elle avait intérêt à tout accepter sans faire la difficile - et qu'elle ne s'avise surtout pas de faire honte à sa famille."
Nouvelle de la Cane hardeuse.

 

Politiques

Le mouvement social du printemps 2003

Echoués sur la grève
Au printemps dernier, un mouvement social d'envergure a contesté les réformes du gouvernement. Même s'il se solda par un échec, ce mouvement vit l'émergence de nouveaux rapports de force et de nouvelles pratiques, redessinant le paysage syndical et militant. Tour d'horizon de la lutte, aussi bien au niveau national que local.
Enquête réalisée par Joseph S et Beauté nébreuse. A télécharger.

Tour de contrôle
Pour mieux comprendre la position des syndicats lors du mouvement du printemps dernier, il serait tentant de reprendre les outils développés au cours de ces dernières années par le courant dominant d'analyse du paysage syndical. Ce serait néanmoins oublier plusieurs éléments dont on ne peut faire l'économie, au risque de passer à côté de ce qui fait la spécificité des mouvement sociaux depuis 1995.
Par Mme Patate.

Dans le feu de l'action
Les derniers conflits sociaux, de la mobilisation contre la réforme des retraites à la lutte des intermittents, ont vu un regain certain des actions directes. Pourtant celles-ci restent encore tiraillées entre radicalisme et symbolisme.
Par Joseph S.

Passe Tolbiac d'abord
Mai/juin 2003, le centre Pierre Mendès France Paris 1 Tolbiac fut le théâtre d'une grève étudiante. Nous en étions. Que restera-t-il de cette lutte ? Les interventions en amphis, les débrayages, les AG quotidiennes, les quelques coups de tensions, les affrontements avec les non-grévistes, les nervis de la fac ou les flics, le potassage des réformes annoncées, et les longues heures d'ennui, à attendre, à être là, à faire corps avec la grève. Et puis ce sentiment étrange, à la fois d'implacable défaite et d'avancée définitive. Que s'est-il joué ce printemps-là à Tolbiac ? Petite étude des mécanismes et des stratégies à l'oeuvre durant la grève de Paris 1, afin de mieux comprendre le second acte de cet automne et de pimenter le troisième à venir.
Par le Satrape Rôdeur et Mme Patate.


Entrée ou amuse gueule ?
Juin 2003 : référendum en Pologne sur l'adhésion à l'UE. A l'ouest, le choix semble facile et l'indécision des Polonais, incompréhensible. Théoriquement il devrait être naturel qu'un pays qui a subi le communisme pendant des années, qui s'en est libéré et qui depuis attend de pouvoir réellement être considéré comme européen (ce qu'il est d'ailleurs géographiquement), n'hésite pas. Pourtant une histoire conflictuelle, des invasions par des pays voisins durant des dizaines, voire des centaines d'années, la situation politique, le conflit entre une grande partie de la population et
l'Eglise, la situation sociale et autres points sensibles, rendent en fait ce choix complexe. Le déroulement de la campagne du référendum et l'attitude de la Pologne à quelques mois de son entrée définitive dans l'UE illustrent cette complexité.
Par Joseph S.

Réaction à la chaîne
Afin de s'assurer une certaine stabilité, les dominations essayent toujours d'apparaître comme inévitables. La hiérarchie au sein de l'entreprise capitaliste ne déroge pas à cette règle. Nous en avons discuté avec Bruno Tinel, maître de conférences en économie à Paris 1. Il nous livre quelques morceaux choisis de son ouvrage intitulé Stephen Marglin et le courant radical américain : du rôle primitif de la hiérarchie capitaliste, à paraître prochainement chez ENS Editions sur ce thème.

Chronique d'histoire sociale
Chaque jour, je prenais le train pour aller étudier à Paris. Les gares de triages succédaient aux rives de la Seine couvertes de friches industrielles et de casses automobiles envahies d'une végétation abondante, pauvre ordinaire des anciennes barrières, de la zone et de ses rebus. A cette époque Draveil, Vigneux, Villeneuve St Georges ne m'évoquaient que paysage désolé, misère du quotidien, et désir irraisonné de la fuite. Bien des années plus tard, dans le cadre d'un travail syndical, j'ai pu découvrir que ces lieux qui restaient, jusqu'alors, pour moi dominés par l'ennui de l'adolescence, avaient profondément été marqués par une activité économique et sociale dont les traces étaient encore bien visibles pour celui ou ceux qui se donnaient la peine de les chercher.
Par Jean-Suï Cannaye.

 

Cultures

L'image pouvoir

Gangs of New York
Le dernier Scorsese est un film monstre. La preuve par trois, à lire dans l'ordre ou dans le désordre à l'occasion de son revisionnage en DVD.
Par le Satrape Rôdeur. A télécharger.

Le mur du son
Tandis qu'on assiste à une multiplication des discours sur l'image, on ne parle que très peu - ou très mal - du son. Incapables de penser notre relation au son autrement que comme un rapport de force, nous entretenons l'illusion réductrice d'un son-pouvoir calqué sur le schéma de l'image-pouvoir.
Par Mme Patate. A télécharger.

Interview d'Howard Zinn
L'Histoire est une construction idéologique, tout comme l'image d'unité que les Etats-Unis cherchent à renvoyer. Afin de déconstruire ce mythe, de rendre leur place aux Indiens, aux noirs, aux femmes, aux travailleurs, dans le tableau américain, nous avons interviewé Howard Zinn,historien américain, professeur émérite à la Boston University, auteur d'Une histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours, qui traite de ces questions dans son ouvrage, récemment publié en français chez Agone.
Entretien réalisé par Mme Patate et le Satrape Rôdeur.

Art con, art content, art contemporain
Trois moniteurs suspendus à un mur au Carrousel du Louvre. Dans chacun d'eux s'exprime un membre d'une famille d'immigrants algériens : mère, fils et fille. Au Palais de Tokyo, Pierre Joseph crée un personnage de manga sur de
multiples écrans vidéo. Aux trente ans de la Fiac, des installations et neuf Vidéos Cubes. Parallèlement, cette année, comme toujours, sont exposées des créations traditionnelles, réalisées dans des techniques utilisées depuis des siècles - à la vieille école. Et comme depuis plus de 50 ans, les critiques s'interrogent sur la validité des deux modes de création artistique, selon la méthode traditionnelle ou selon de nouveaux modes. Et cette année encore, les critiques de droite, conservateurs, pourront dire que "presque tout l'art contemporain est nul", voire sa totalité, tandis que certains crieront au génie... Comment se retrouver dans ce brouhaha critique ?
Par Joseph S.

Un bout d'Eldorado
Au bord de l'Amazonie, perdus aux frontières de la civilisation, des aventuriers espèrent. Attirés par des rêves d'or ou de diamants, hommes et femmes sont venus de partout trouver leur dernière chance : la mine ou le filon de la fortune. Du rêve à la réalité, la transition est souvent violente, parfois triste, mais jamais ordinaire. Ils sont libres. Certains réussissent, d'autres se perdent dans l'alcool ou la drogue. Leurs vies se ressemblent, ils ont tout à gagner et plus rien à perdre, exceptée la vie...
Par Philippe Chlous.

Et dans chaque chapitre retrouvez les chroniques, l'ennemi kado et la
rubrique Fais le toi même...